Très en vie, nouvelle saison du Public

Cela arrive de plus en plus tôt, et une concurrence semble s’installer entre « grands » théâtres, afin de capter le plus rapidement possible les abonnements d’un public en manque de scènes depuis près de deux ans… C’était donc hier la présentation de la saison 2022-2023 au Théâtre « Le Public ». Un duo rodé de Michel Kacenelenbogen et Patricia Ide, où l’humour et le politiquement (in-)correct se mêlent joyeusement.

Qu’est-ce que je retiens de cette présentation, puisqu’il me faudra la « défendre » devant nos amis lorsque viendra dans quelques semaines le temps du choix de nos spectacles pour la prochaine saison ?

Tout d’abord, la « re- » création de Art de Yasmina Reza, près de 20 ans après sa première présentation en Belgique par le trio Leempoel, Cogniaux et Dherte. Cette fois, la mise en scène est signée Alain Leempoel et on nous promet une toute nouvelle scénographie qui permet d’afficher le terme « Création » à côté du titre dans le programme. Ayant déjà vu la pièce à deux reprises (dans sa configuration « Parisienne » avec Luchini et dans la première configuration que l’on retrouve cette saison) pas sûr que je voudrai la revoir une troisième fois…

La première « vraie » création de la saison c’est Providence de Neil Labute. Un couple adultère dans une tour à Manhattan le 11 septembre 2001… Ils travaillent tous les deux dans les tours du WTC, mais se retrouvent ailleurs. Vont ils choisir de commencer une nouvelle vie, eux qui sont virtuellement « morts » dans l’effondrement des tours? Sur cette trame s’ajoute une histoire d’amour entre une femme d’âge mûr et un homme de vingt ans son cadet. Ce sont des thèmes à la mode, mais qui pourraient être bien défendus par Laurence D’Amelio et Thibault Packeu.

Autre création, en mode « thriller » cette fois, avec Les Passagers de Frédéric Krivine. Un policier israélien (Benoit Verhaert) interroge une Palestinienne (Axelle Maricq), descendue d’un bus à l’arrêt qui précède son explosion… Ce qui nous « met » à charge ou à décharge…

Pour voir plus de 3 personnages en scène, il faudra attendre la fin de l’année et Le canard à l’orange un Vaudeville à la sauce anglaise. Charlie Dupont ou Frederic Nyssen, Tania Garbarsku, Laure Godisiabois, Michel Kacelenenbogen et Marina Pangos vont défendre cette pièce qui a obtenu le Molière du meilleur spectacle. Une comédie grinçante qui nous parle du narcissisme des hommes et de la difficulté (ou pas) de tenir un couple sur la durée.

Nicolas Buysse et Greg Houben ont créé les textes en musique de Jacques Prévert pendant la pandémie, avec une forte demande des spectateurs de retrouver ce spectacle. Texte, trompette, piano (Matthieur Van), pour revisiter le monde de Jacques Prévert.

Re-re-reprise de Une vie sur mesure de Cédric Chapuis avec Pierre Martin. Un immense succès qui exigeait de la part du théâtre de le remettre à l’affiche.

Un grand bonheur avec la reprise de Edmond d’Alexis Michalik pour les fêtes. On en a déjà tellement parlé que la seule chose à en dire c’est « allez voir cette pièce extra-ordinaire ».

Bruno Coppens a beaucoup réfléchi et divagué pendant le confinement. Ce qu’il a à en dire ? Je mène une vie scène ! bien entendu… On a envie de revoir ce tritureur des mots, ne fût-ce que pour une heure, puisque ce sera la durée de ce nouveau seul en scène.

De la vraie nouveauté, de la vraie création avec Le fils de Don Quichotte d’Anne Sylvain, écrit pour et avec Othmane Moumen et Philippe Résimont. Comment repartir au combat aujourd’hui ? On nous promet un spectacle drôle, émouvant et envoutant… et j’ai envie d’y croire.

Vient ensuite un OVNI de Marguerite Duras, Yes, peut-être, mis en scène par Michael Delaunoy avec Baptiste Blampain, Jeanne Kacelenenbogen et Chloe Struvay. Pièce créée au Public il y a 27 ans. 2 filles perdues dans un désert après la fin du monde ont perdu le sens des mots en gardant celui de la vie… Une comédie dans le monde de Mad Max. Antimilitariste et antinucléaire.

On reprend aussi Shirley Valentine, avec Marie Helène Remacle dans une mise en scène de Martine Willequet. Une femme au foyer parle aux murs. Coup de théâtre (!), une amie l’invite à partir en voyage organisé en Grèce. Envol vers un ailleurs de tous les possibles.

Si vous avez aimé Anthony Hopkins dans « The Father », voici le retour de Roger Van Hool (81 ans !) qui prend le rôle en français dans Le Père. La perte de mémoire, la fin de vie, qui est qui, qui vit où ? La complexité des relations familiales. C’est Patricia Ide qui joue le rôle de la fille. Je crois que cela promet d’être attendrissant et interpellant…

Une femme libre, son mari, son fils. Une liberté poussée à l’extrême qui risque de mettre par terre toutes ces vies… En attendant Bojangles nous permettra de voir Charlie Dupont, Tania Garbarski et Jérémie Petrus. On entendra sans doute aussi Nina Simone chanter « Mr Bojangles ».

Anne Sylvain a écrit La boîte qu’elle interprétera avec Janine Godinas sous la direction de Michel Kacelenenbogen. La question de l’ascenceur social à travers les relations entre une mère et sa fille. Et derrière la porte, invisible, un père qui fabrique une boîte. D’après Kacelenenbogen, c’est la question des relations entre les générations qui domine, d’après l’auteur, c’est la place de l’homme, absent et présent.

L’inévitable Michel Kacelenenbogen met en scène Novecento d’Alessandro Baricco avec Pietro Pizzuti. Un pianiste né sur un bateau, pianiste de croisière. Il n’a jamais rien connu d’autre que l’Océan. Virtuose de l’Atlantique, qui se retrouve provoqué en duel musical. Déjà joué il y a 20 ans par Pietro Pizzuti qui a maintenant « l’âge de son personnage ».

Trois reprises pour terminer la saison: Le dieu du Carnage (Yasmina Reza, encore), La plus précieuse des marchandises, que nous n’avons pas vu la saison dernière et Love letters dans la re-reprise du couple des propriétaires du Public…

Je reste perplexe par contre devant la dernière intervention de Michel Kacelenenbogen, qui demande à pouvoir utiliser les fonds « aban-donnés » pendant la pandémie par les spectateurs qui n’ont pu voir un spectacle… pour attaquer en justice la Ministre de la Culture. Sa plainte: les théâtres qui remplissent les salles (comme le Public) n’ont pas obtenu la même subvention par acteur que les plus petites scènes. Injustice ? J’ai comme un malaise. Comment pousser à la créativité des petites structures sans financement ? Un petit coup de pouce aux plus petits, aux plus innovants, cela a peut-être aussi du sens, non ?

Et si on continuait la conversation…

Que tu aies aimé ou détesté cet article, je t’invite à continuer la conversation. N’hésite pas à ajouter ton commentaire ci-dessous. Et bien sur, n’oublie pas de t’inscrire à la Bobo Newsletter, dans laquelle je promets de ne faire aucune démarche commerciale, juste te tenir au courant des articles publiés sur le blog et des discussions intéressantes en cours. Comme cet article qui explique ma résolution #1 pour 2022…

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